Le domaine Mondon est situé dans les Côtes du Forez, un endroit où la plupart des gens ne s'attendent pas à trouver des vignes. Environ 30 minutes de route au nord ouest de St Etienne, cette région été plantée de milliers d'hectares il y a peu. Ces vignes ont petit à petit disparues, notamment suite à la guerre de 39-45 qui a dessimée environ 60% des hommes de la région.
Aujourd’hui, environ 300 hectares composent l'appellation Côtes du Forez, qui concerne les vins rouges issus du Gamay, en AOC depuis 2000 seulement, mais les vins de la régions portaient la mention AOVDQS depuis 1956. De nombreux autres cépages sont plantés en Vin de Pays.
Ce vignoble est composé de côteaux, adossés au Massif Central, la géologie est très interessante, plusieurs pythons volcaniques sont plantés de vignes, on trouve beaucoup de Basalte, de Granite, mais également des silex et des alluvions fluviaux. L'âge élevé de certaines parcelles permet de conserver un veritable jardin ampélographique, puisqu'au milieu des variétés traditionnels que sont les gamays, les viogniers, le chardonnay, on trouve encore des parcelles plantées de cépages hybrides.
Les cépages hybrides
Les hybrides sont des croisements de variétés de ceps français et de ceps américains, généralement vitis vinifera (dont la majorité des vignes dans le monde est issu aujourd'hui) et vitis labrusca. C'est une des solutions qui avait été envisagée pour augmenter la resistance au phyloxera mais elle s'est avérée non concluante, par contre ces ceps sont parfois plus vigoureux face à d'autres attaques. Ils ont, pour la plupart été abandonné totalement, car certains avaient la mauvaise réputation de rendre fou, comme le Baco, et d'autres peuvent avoir des arômes foxés. Cependant on en retrouve encore beaucoup au Canada par exemple, où ils sont très répandus et continue d'être plantés. Désormais la maitrise de l'oenologie, permet d'avoir des vins tout à fait propre à la consommation et de bonne qualité.
Le Prieuré de Saint Romain le Puy
Le Prieuré de St Romain le Puy est un des hauts lieux de ce vignoble, d'architecture Romane il repose sur un cône basaltique de 80m. Au début du
siècle, il était totalement entouré de vignes puis avec l'exploitation du basalte sur lequel il repose et l'arrachage des vignes dans les années 50-60, il a bien failli disparaître. Aujourd'hui
le déclin semble enrayé depuis la mise en place par la commune de la restauration paysagère du site qui s'est déjà traduite par la réimplantation de vignes en cépage viognier sur 2 hectares. C'est là que née la cuvée
Aldebertus.
Les vignes sont menées en échalas, comme à Condrieu où l'on exploite le même cépage, afin d'avoir une surface folière importante. Le climat y semble tout à fait particulier, puisqu'il est possible de retrouver sur ces pentes, des amandiers, qui préfèrent souvent la chaleur mediterranéenne.
Dans les vignes...
Le domaine Mondon possède des parcelles éparpillées, la ferme était une polyculture comme souvent dans la région mais dorénavant, le vin est l'activité unique de ce domaine. On peut considérer que Daniel Mondon est un expérimentateur, il a dans son vignoble plusieurs parcelles d'hybrides auquel il tient, et dans sa cave des barriques et des cuves qui renferment des choses très surprenantes.
En se promenant dans les vignes, on constate que les sols sont assez pauvres et caillouteux, la vigne doit travailler pour chercher ses resssources, ce qui limite déjà les rendements de manière
naturelle. Le feuillage est bien dense, les vignes seront bientôt effeuillées, sur leur face nord afin de faciliter le passage de l'air entre les grappes, ce qui évite les problèmes de
pourriture. Cette opération se fait à la main tout comme l'attachage des sarements, à l'aide d'un brin de paille, ou encore la vendange évidemment. Chaque parcelle est de taille réduite et
entourée d'une végétation très divers, de forêts et de prés. Les vignes du Prieuré, sont également impressionnantes, car la pente est forte et l'accessibilité limité à l'homme uniquement, aucun
tracteur biensûr ni même un cheval ne pourrait s'aventurer.
Dans la cave...
Lorsqu'on arrive à la cave, nichée derrière une petite porte en bois tel un passage secret vers une salle au trésor, on découvre un modeste chai à barrique. La dégustation au fût nous permet de découvrir le fameux Baco, dont le nez est assez déroutant, animal, fumé, en bouche son acidité tendu soutient à merveille la matière dense et des tanins en harmonie avec l'ensemble.
On découvre aussi la Vigne du Meunier 2006, cuvée à l'origine de la découverte de ce domaine. Il s'agit d'une parcelle d'hybrides, avec une grande dominante de Seibel 5455, pour que ce soit interessant, Daniel Mondon pousse la maturité à l'extrême et attend le mois de novembre pour la récolte, après les premières gelées entre -7 et -11°. Il ne reste alors plus une feuille sur les ceps, et sans doutes autant de raisins sur le sol que sur pied. La récolte est donc faible et la concentration grande, la fermentation est presque totale, le sucre est très peu présent, et l'élevage en fût dure environ 8 mois. Il en ressort un vin très concentré, complexe, qui s'ouvre à n'en plus finir, le 2005 était plus moka, épices, avec cette matière très riche, enveloppante, et au tanins très fin et très englobés dans l'ensemble. Le 2006 s'annonce un peu moins concentré mais plus fin à l'acidité franche, la griotte domine l'ensemble, avec toujours une belle note d'épice, à la fois riche, ample et gouleyant.
Nous avons aussi l'occasion de déguster un vin de lie, où ce sont même les bourbes qui ont été rassemblées, majoritairement de viognier, c'est extrèmement volumineux mais étonnament fin et arômatique, et la finale reste suffisament fraîche.
Un peu plus loin dans le jardin, se trouve la cuverie, ici se cache une des cuvées que je souhaitai découvrir, il s'agit de Cluya, un vin de paille rouge, issu de Gamay et cépages hybrides. Le
nez est timide, il met du temps à se dévoiler, et fait un peu caoutchouc au démarrage. Avec de l'air il se révèle, la confiture de myrtilles, une touche florale, et un léger végétal agréable, en
bouche l'attaque est fraiche puis vient la douceur, avec encore une équilibre qui permet d'avoir la bouche encore nette en fin de dégustation.
Je passe encore d'autres cuvées puisque la dégustation s'est encore étendue, et je remercie Daniel Mondon, qui tenait à nous inviter pour la soupe aux choux du soir, que nous avons dû, avec beaucoup de regret, décliner mais le rendez-vous est pris pour la prochaine visite...